2018
“Dakar Brut”
Comissaire associé de l’exposition avec Yataal Art et Aurora Martinez. Réalisation du projet et conception graphique.
Le 10 mai 2018, c’est l’événement « Dakar Brut ».
Un itinéraire de 4 expositions, dans 4 maison anciennes, visibles à travers un parcours dans le « musée à ciel ouvert ».
La foule se rassemble peu à peu devant la route de la corniche, puis infiltre le quartier comme des globules dans son organisme, allant d’une rue à l’autre dans le labyrinthe de la Medina, découvrant leur instinct, plaçant leur repères. Le parcours débute dans la maison de Père Djim, le maitre des cornes, qui expose dans son lieu de vie et de travail ses dernières créations, mobilier design en bois, cuir et cornes de vaches.
Dans la rue parallèle, la deuxième exposition chez Mamadou Boye Diallo : un aperçu du travail de Pape Diop, l’artiste « fou ». Une collection de dessins sur bois exposée : chutes de contreplaqués récupérés à même le sol ou il les jette aussitôt après les avoir conçus dans son déplacement perpétuel.
Nous introduisons ici la notion d’ « Art Brut », comme l’émanation créative d’un esprit de la rue obsédé par des gures religieuses, qui dort dans un cimetière, tapisse et marque le quartier de son emprunte. Pape Diop fait sa propre thérapie, écrit sur son chemin, communiqu par langage codé, élevant son indéniable qualité d’artiste dans une performance incessante, qui repousse les con ns d’une dé nition possible du trouble psychiatrique, aujourd’hui institutionnalisé.
Ainsi nous traversons le quartier jusqu’a l’avenue Blaise Diagne, pour aller chez Fatou Peulh, une maison-mosquée, ou sont exposée des oeuvres de Babacar Traoré, dit « Buur Medina », le Roi de la Médina, frère de Moussa et Ali Traoré. Il offre un discours qui captive l’auditoire, et par sa présence laisse planer une aura de mysticisme dans un espace hautement spirituel.
Le groupe se dirige ensuite vers la 4e et dernière maison : celle de Babacar Rafet, propriétaire des lieux, qui expose chez lui depuis 2014. La photographe Emma Petroni est mise à l’honneur, tapisse les lieux d’images qui montrent la présence des bâtiments coloniaux encore debout, âmes encore habitées, cachées dans une jungle de ciment : le contexte brut. Ces photos prises lors de déambulations dans le quartier n’étaient pas initialement destinées à être exposées.
« Dakar Brut » fut un succès, plus de 300 personnes déambulant le meme jour dans les rues de Medina, guidés par un plan dépliant (imprimé à 1500 exemplaires) entre les 4 anciennes maisons ou se tenaient les expositions. Cette journée fut une véritable performance, révélatrice dans l’appropriation du contenu par le public, traçant son propre itinéraire au sein d’un quartier populaire de Dakar, dont beaucoup franchissaient les frontières pour la première fois, et par l’effervescence créée au sein de la population locale après plusieurs mois de préparation.
Une zone de contact et d’échange sous le signe de l’ouverture des consciences, un effacement momentané des barrières sociales au profit de la simple existence, qui nait dans le regard de l’autre.
Deux jours plus tard, « Yataal Art » invite le collectif de photographes Sénégalais « Sunu Nataal » à un studio photo déambulatoire dans le musée à ciel ouvert, offrant a chacun le rôle de protagoniste.
Après un mois ou les visiteurs de la biennale, curieux, continuaient de s’aventurer dans le quartier, nous décidons de clôturer l’événement de la Biennale en exposant dans la rue les images de plusieurs photographes qui ont accompagné notre parcours.
Cette restitution se fait sous la forme d’une session de collage en direct de 60 photographies dans une artère principale du quartier, la Rue 6. Pour l’occasion nous imprimons 200 tee-shirt « Dakar Brut », distribués gratuitement sur place aux habitants du quartier au moment de l’action... un succès fulgurant.
“Dakar Brut”
Comissaire associé de l’exposition avec Yataal Art et Aurora Martinez. Réalisation du projet et conception graphique.
Le 10 mai 2018, c’est l’événement « Dakar Brut ».
Un itinéraire de 4 expositions, dans 4 maison anciennes, visibles à travers un parcours dans le « musée à ciel ouvert ».
La foule se rassemble peu à peu devant la route de la corniche, puis infiltre le quartier comme des globules dans son organisme, allant d’une rue à l’autre dans le labyrinthe de la Medina, découvrant leur instinct, plaçant leur repères. Le parcours débute dans la maison de Père Djim, le maitre des cornes, qui expose dans son lieu de vie et de travail ses dernières créations, mobilier design en bois, cuir et cornes de vaches.
Dans la rue parallèle, la deuxième exposition chez Mamadou Boye Diallo : un aperçu du travail de Pape Diop, l’artiste « fou ». Une collection de dessins sur bois exposée : chutes de contreplaqués récupérés à même le sol ou il les jette aussitôt après les avoir conçus dans son déplacement perpétuel.
Nous introduisons ici la notion d’ « Art Brut », comme l’émanation créative d’un esprit de la rue obsédé par des gures religieuses, qui dort dans un cimetière, tapisse et marque le quartier de son emprunte. Pape Diop fait sa propre thérapie, écrit sur son chemin, communiqu par langage codé, élevant son indéniable qualité d’artiste dans une performance incessante, qui repousse les con ns d’une dé nition possible du trouble psychiatrique, aujourd’hui institutionnalisé.
Ainsi nous traversons le quartier jusqu’a l’avenue Blaise Diagne, pour aller chez Fatou Peulh, une maison-mosquée, ou sont exposée des oeuvres de Babacar Traoré, dit « Buur Medina », le Roi de la Médina, frère de Moussa et Ali Traoré. Il offre un discours qui captive l’auditoire, et par sa présence laisse planer une aura de mysticisme dans un espace hautement spirituel.
Le groupe se dirige ensuite vers la 4e et dernière maison : celle de Babacar Rafet, propriétaire des lieux, qui expose chez lui depuis 2014. La photographe Emma Petroni est mise à l’honneur, tapisse les lieux d’images qui montrent la présence des bâtiments coloniaux encore debout, âmes encore habitées, cachées dans une jungle de ciment : le contexte brut. Ces photos prises lors de déambulations dans le quartier n’étaient pas initialement destinées à être exposées.
« Dakar Brut » fut un succès, plus de 300 personnes déambulant le meme jour dans les rues de Medina, guidés par un plan dépliant (imprimé à 1500 exemplaires) entre les 4 anciennes maisons ou se tenaient les expositions. Cette journée fut une véritable performance, révélatrice dans l’appropriation du contenu par le public, traçant son propre itinéraire au sein d’un quartier populaire de Dakar, dont beaucoup franchissaient les frontières pour la première fois, et par l’effervescence créée au sein de la population locale après plusieurs mois de préparation.
Une zone de contact et d’échange sous le signe de l’ouverture des consciences, un effacement momentané des barrières sociales au profit de la simple existence, qui nait dans le regard de l’autre.
Deux jours plus tard, « Yataal Art » invite le collectif de photographes Sénégalais « Sunu Nataal » à un studio photo déambulatoire dans le musée à ciel ouvert, offrant a chacun le rôle de protagoniste.
Après un mois ou les visiteurs de la biennale, curieux, continuaient de s’aventurer dans le quartier, nous décidons de clôturer l’événement de la Biennale en exposant dans la rue les images de plusieurs photographes qui ont accompagné notre parcours.
Cette restitution se fait sous la forme d’une session de collage en direct de 60 photographies dans une artère principale du quartier, la Rue 6. Pour l’occasion nous imprimons 200 tee-shirt « Dakar Brut », distribués gratuitement sur place aux habitants du quartier au moment de l’action... un succès fulgurant.